Noël durant l’hiver 1940-41 reste gravé comme l’un des plus rudes de la Seconde Guerre mondiale. Pour Madame de Forceville, châtelaine du Bourg-Saint-Léonard, cette saison est marquée par le contraste entre les festivités imposées par l’occupant et la douleur intime de voir sa demeure transformée en lieu militaire. Son journal, conservé aux Archives de l’Orne, raconte avec émotion ce Noël sous l’Occupation.
Un hiver glacial et difficile
Dès novembre 1940, le froid s’installe. Madame de Forceville note les pluies, la boue, puis la gelée qui bloque routes et communications. Les restrictions alimentaires pèsent : le beurre, le bois et le sucre manquent.
Malgré cela, la vie continue : au château, les Allemands construisent une grande baraque près de l’orangerie, transformée en casino et réfectoire pour soldats. C’est dans ce cadre qu’a lieu la fête de Noël.

La fête de Noël organisée par l’occupant
Le général autorise l’organisation d’un arbre de Noël pour les enfants du village, le 22 décembre 1940. Le témoignage de Madame de Forceville nous en livre l’atmosphère :
« La petite fête se réalise avec beaucoup de monde et de sympathie. L’arbre est couvert d’une pluie de fils d’argent. »
Pour elle, l’événement est ambivalent. Elle voit la joie des enfants, mais sait que tout cela se déroule sous la surveillance allemande, dans une orangerie réquisitionnée.

Une ambiance pesante
Si la fête semble joyeuse en apparence, le cœur de la châtelaine reste lourd. Elle écrit :
« Les larmes emplissent mes yeux qui ont déjà tout pleuré ! »
Dans ses mots, on lit la douleur d’une femme qui voit sa maison devenir un outil de propagande, et ses traditions transformées.
Un contraste saisissant : fête et guerre
Alors que le château résonne des chants de soldats, la guerre continue ailleurs : bombardements, rationnement, angoisse de l’avenir. Le contraste est saisissant entre la lumière des guirlandes et la dureté de la vie quotidienne.
Cet hiver 1940-41 devient aussi un moment de résignation. Madame de Forceville comprend que l’Occupation ne sera pas une parenthèse courte. Elle note que les Allemands s’installent « pour durer », aménageant durablement bâtiments et dépendances.
Conclusion
Le Noël 1940 au château du Bourg-Saint-Léonard résume toute l’ambivalence de la vie sous l’Occupation : fêtes imposées, enfants heureux, mais propriétaires dépossédés et une France meurtrie. Grâce au journal de Madame de Forceville, nous pouvons ressentir à la fois la beauté fragile d’une fête de village et la douleur d’un pays asservi.
👉 Retrouvez la transcription complète : Souvenirs de guerre – Journal de Mme de Forceville.