À la fin du XVIIIᵉ siècle, le château du Bourg-Saint-Léonard connaît l’apogée de sa splendeur sous Jules-David Cromot. Mais en 1789, la Révolution française renverse l’ordre établi et frappe de plein fouet cette famille liée à la cour du futur Louis XVIII. Exil, confiscation et abandon marquent alors l’histoire du domaine… avant une renaissance inattendue en 1814.

Portrait de Jules-David Cromot – gravure d’Étienne Fessard (avant 1786), Bibliothèque nationale de France, Gallica

Un héritage fragile après la mort de Jules-David

En octobre 1786, Jules-David Cromot s’éteint, laissant à ses deux fils – Maxime et Anne-David de Fougy – un domaine prestigieux et lourd de symboles. Mais le climat politique s’assombrit : la monarchie chancelle, et les nobles proches de la cour sont bientôt dans la ligne de mire.

Estampe satirique « La fuite des émigrés », vers 1791, collection De Vinck, BnF/Gallica.

Les Cromot et la Révolution

  • Anne-David de Cromot de Fougy, fidèle au comte de Provence (frère du roi, futur Louis XVIII), choisit l’exil dès 1790.
  • Maxime de Cromot, officier ayant combattu en Amérique, part à son tour avec l’armée des Princes.
  • Le château du Bourg-Saint-Léonard est alors saisi comme bien d’émigrés : ses portes se ferment, ses salons se vident, et le domaine tombe dans l’abandon.

Les paysans des alentours se plaignent même du gibier de la forêt, laissé sans régulation par la chasse aristocratique disparue : « Des bandes de cerfs et de biches ravagent nos récoltes », peut-on lire dans un cahier de doléances de 1789.

Carte de Cassini, feuille d’Argentan (1760), BnF/Gallica.

1814 : le retour des Cromot

Avec la chute de Napoléon et la Restauration des Bourbons, une loi de décembre 1814 restitue leurs biens aux émigrés. Les frères Cromot reprennent donc possession du château. Mais après plus de vingt ans d’abandon, le domaine a perdu de sa superbe. Vieillissant et endetté, Maxime se résout à vendre le château en 1824, mettant fin à près de 70 ans d’histoire familiale au Bourg-Saint-Léonard.

Héritage et mémoire

Cet épisode révolutionnaire illustre le destin de nombreuses familles nobles au tournant de 1789 : entre fidélité monarchique, exil et confiscations, le faste des années 1760 cède la place à l’incertitude. Pourtant, le château du Bourg-Saint-Léonard a survécu, et chaque visite aujourd’hui rappelle cette page d’histoire mouvementée.

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